Comprendre les bases et son fonctionnement

Création de SARL

La Société A Responsabilité Limitée (SARL) est une société commerciale réputée pour son fonctionnement cadré et sans détour. Forme juridique courante, la SARL est très adaptée aux petites et moyennes entreprises. Rassurante pour les associés et les tiers, la SARL séduit les entrepreneurs désireux d’œuvrer dans la simplicité. Cet article va vous présenter les caractéristiques essentielles de la SARL, tout en illustrant ces propos de conseils utiles.

Combien d'associés peut-il y avoir dans une SARL?

Le nombre d’associés est au minimum de 2 et au maximum de 100. Les associés sont soit des personnes physiques (des individus), soit des personnes morales (entreprises ou associations de type loi 1901). En cours de vie sociale, un associé peut tout à fait sortir d’une SARL ne comportant que deux associés, sans être remplacé… La SARL devient de fait une société unipersonnelle, autrement appelée EURL (dans ce cas, attention à ne pas omettre d’opter à l’impôt sur les sociétés si la SARL bénéficiait déjà de ce régime avant la sortie du second associé!).

CONSEIL : avoir de nombreux associés n’est en aucun cas le gage d’une réussite à venir. Bien au contraire, il est judicieux de sélectionner ses associés avec le plus grand soin, afin de minimiser le risque de conflit.

Quelle somme faut-il mettre en capital social dans une SARL?

Il n’y a pas de minimum à proprement parler puisqu’un €uro suffit à créer une société de ce type. Mais que faire avec un €uro? Des apports complémentaires sont indispensables (en capital ou en compte courant) pour avoir suffisamment d’argent pour commencer son activité (un business plan vous aidera à savoir de combien vous avez précisément besoin). Si vous n’avez pas les fonds pour le capital au moment de la création, vous avez la possibilité de ne libérer que 20% dudit capital en le précisant dans les statuts, le reste devant être versé par les associés dans un délai maximum de 5 ans (attention, le taux réduit d’IS est notamment conditionné par une libération totale du capital à la fin de l’exercice considéré).

CONSEIL : Il n’y a pas réellement de capital qui soit suffisant pour chaque projet. En règle générale, un capital devient crédible à partir de 2 000 € et parfois bien plus, selon l’activité exercée.

Comment s'articule le régime social du dirigeant dans une SARL?

Le dirigeant d’une SARL, appelé gérant, est une personne physique, associée ou non. Il a pour rôle de diriger la société. En cas de pluralité de gérants, on parlera de cogérance. Un gérant dépend soit du régime des Travailleur Non Salarié(TNS) en tant que majoritaire (s’il détient par exemple plus de la moitié des parts sociales directement ou indirectement, seul ou avec son conjoint/ses ascendants/ses descendants mineurs), soit du régime assimilé salarié s’il est minoritaire/égalitaire (le gérant détient dans ce cas 50% des parts au maximum selon, les règles de calcul énoncées ci-dessus). La protection sociale d’un assimilé salarié est sensiblement meilleure, mais les cotisations sociales sont plus élevées (80% contre 47%).

CONSEIL : en SARL, si le gérant compte se rémunérer, il paiera moins de cotisations sociales en étant majoritaire. S’il craint d’obtenir une retraite trop faible, il peut toujours souscrire un contrat retraite complémentaire (dit « Loi Madelin »).

Quel est le régime fiscal applicable aux SARL ?

Le régime fiscal de la société applicable de plein droit à la SARL est l’Impôt sur les Sociétés (IS), soit 15% jusqu’à 38 120 € de bénéfices et à partir de 28% au-delà. Pour une durée maximum de 5 ans, une SARL peut toutefois opter à l’Impôt sur le Revenu (IR) dans les 5 ans de sa création, avant de retourner à l’IS. La SARL constituée entre membres d’une même famille dispose d’une option unique qui lui permet d’opter à l’IR sans limitation de durée ; la « SARL de famille » est une SARL classique par ailleurs. Le régime IR est tentant si on anticipe des résultats déficitaires, mais en cas de bénéfices, des cotisations sociales seront dues sur le résultat par les gérants majoritaires.

CONSEIL : une société à l’IR ne doit pas oublier d’adhérer à un Centre de Gestion Agréé (CGA), ou pour les professions libérales une Association de Gestion Agréée (AGA), pour éviter la majoration de 25% sur le bénéfice.

Dans une SARL, le principe de responsabilité limitée des associés comporte-t-il des limites ?

Si, par principe, la responsabilité des associés est bien limitée au montant de leurs apports, il existe plusieurs exceptions qui mettent en péril leur patrimoine personnel. Lorsqu’une société connait de graves difficultés financières et qu’elle est en état de cessation des paiements, elle est amenée à déposer le bilan devant le Tribunal de commerce (ou le TGI). A cette occasion, un associé qui aurait donné sa caution personnelle pour garantir un emprunt de la société à ce jour non honoré, voit son patrimoine personnel engagé en vue du paiement de cette dette. C’est également le cas dans le cadre de fautes de gestion avérées d’un mandataire associé. En outre, des cotisations sociales personnelles dues par un gérant associé sont à régler directement par le débiteur concerné. Enfin, un capital social partiellement libéré permet au liquidateur d’appeler les sommes manquantes auprès des associés.

CONSEIL : les exceptions ou atténuations au principe de la responsabilité limitée reviennent en force en cas de dépôt de bilan. Lorsque vous envisagez cette piste, considérez l’ensemble des points ci-dessus afin d’éviter de désagréables surprises.

A quelle hauteur les dividendes de SARL sont-ils taxés ?

Une SARL à l’IS peut distribuer des dividendes aux associés, en proportion de leur participation au capital. Si l’associée est une personne morale, les dividendes qu’elle reçoit bénéficient le plus souvent du régime mère-fille et sont exonérés d’IS, une quote-part de frais et charges de 5% du produit distribué restant néanmoins imposée à l’IS au taux de droit commun. Les personnes physiques sont quant à elles bien plus taxées! Un gérant majoritaire subira en moyenne 47% de cotisations sociales sur le montant brut perçu, hors impôt sur le revenu et hors fraction de 10% soumise à flat tax. Un associé ou un gérant minoritaire/égalitaire ne s’acquittera à l’inverse que de la flat tax (soit 17,2% de prélèvements sociaux + 12,8% d’impôt sur le revenu, le tout sans abattement). Enfin, si la SARL est à l’IR, on ne parle pas de distribution de dividendes mais d’affectation de quote-part de résultat puisque par définition, la société est « transparente », c’est à dire qu’on ne choisit pas de mettre en distribution, on reçoit sa quote-part en fonction de sa participation au capital et celle-ci est d’office soumise aux contributions sociales/prélèvements sociaux avant d’être automatiquement fiscalisée selon le barème progressif de l’impôt sur le revenu pour une personne physique et retraitée si l’associée est une personne morale.

CONSEIL : un gérant majoritaire n’a que peu d’intérêt à percevoir des dividendes (à moins que la société ait un gros capital social par exemple, ce dernier diminuant l’assiette des cotisations sociales) et préférera augmenter sa rémunération.

Comment les décisions se prennent-elles en SARL ?

Lorsqu’une ou plusieurs décisions doivent être prises dans le cadre de la gestion d’une SARL, la gérance convoque les associés qui se réunissent en assemblée générale afin d’approuver ou non les résolutions proposées. Une décision qualifiée d’ordinaire (ex : nomination d’un cogérant) nécessite une majorité simple, c’est à dire un vote d’au moins 51% des associés. Une décision qualifiée d’extraordinaire sera quant à elle votée par plus des 2/3 des voix ou des 3/4 selon le cas (ex : modification de l’objet social), voire à l’unanimité (ex : transformation en SNC). Dans les 6 mois de la clôture de l’exercice social, une assemblée générale ordinaire annuelle doit se tenir afin d’approuver les comptes clos et d’affecter le résultat de l’exercice. Les comptes sont ensuite déposés au Greffe du Tribunal de commerce.

CONSEIL : si vous placez les majorités ordinaires et extraordinaires trop hautes, vous risquez de bloquer votre société. En fonction du nombre d’associés, imaginez d’ores et déjà qui peut s’opposer aux décisions proposées.

Quand doit-on obligatoirement nommer un Commissaire aux comptes en SARL ?

Le Commissaire Aux Comptes titulaire (CAC) a pour mission de vérifier les comptes de la SARL dans le cadre d’un mandat renouvelable d’une durée de 6 ans. Professionnel indépendant, il est le garant de comptes clos sains. En cas de défaillance, un Commissaire aux comptes suppléant peut le remplacer. La nomination du CAC devient obligatoire si 2 des 3 seuils suivants sont dépassés : 1 550 000 € de total bilan, 3 100 000 € de chiffre d’affaires et 50 salariés.

CONSEIL : une SARL holding ou filiale de holding, contrairement à la SAS, ne déclenche pas la nomination d’un CAC par la simple notion de contrôle. Si un holding est prévu, par exemple suite à apport de titres, c’est une donnée à prendre en compte.

Comment s'opère une transmission de parts sociales dans une SARL ?

Souvent, les parts sociales sont librement cessibles entre associés et éventuellement la proche famille. Lorsque les parts sont en revanche cédées à un tiers, un agrément des autres associés est nécessaire, ceci afin d’éviter l’entrée au capital d’un étranger non désiré. Les droits d’enregistrement dus au Trésor public s’élèvent à 3% du prix de cession, hors abattement de 23 000 € proratisé en fonction du nombre de parts cédées. Les parts détenues par un associé peuvent également être apportées à une autre société par le biais d’une augmentation de capital, c’est à dire que l’associé va recevoir des titres dans l’autre société en contrepartie de la valeur des parts apportées.

CONSEIL : tout cédant envisageant de vendre ses titres doit déterminer la plus value à payer au terme de l’opération, sous peine de payer un montant élevé… Parallèlement, tout acquéreur est en droit de solliciter une garantie d’actif et de passif, afin de se protéger dans le cadre de ladite acquisition.

ACRE et ARCE en créant une SARL : de quoi s'agit-il ?

L’ACRE consiste en une exonération partielle de charges sociales au profit de la gérance, permettant des taux de cotisations plus bas sur une période d’un an. C’est un coup de pouce appréciable qui facilite le développement de l’activité. L’ACRE est par ailleurs une condition obligatoire pour tout gérant cherchant à bénéficier de l’ARCE (versement de 45% des droits au chômage ouverts en 2 fois). Percevoir l’ARCE n’empêche aucunement le versement d’une rémunération au titre de son mandat de gérant, ce qui veut dire que les deux se cumulent à 100%. Il est bon de noter que l’ACRE n’est pas nécessaire lorsque le gérant souhaite percevoir son chômage mensuellement dans le cadre du maintien ARE. Si le gérant se rémunère, son chômage sera alors réduit (mais sa période d’indemnisation sera allongée!).

CONSEIL : en cas de radiation de votre entreprise au Greffe du Tribunal de commerce, tous droits pôle emploi non consommés se réactivent automatiquement, dans la mesure où ceux-ci ne sont pas périmés.