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Qu’est-ce qu’une transformation de société ?

Définition : Transformer une société signifie modifier sa forme sociale, sans créer de personne morale nouvelle. La décision prise par les associés ou actionnaires sera déposée au Greffe du Tribunal de commerce avec un dossier complet de formalités en vue de la mise à jour du k-bis.

La forme sociale de la société est le socle à partir duquel un ensemble de règles va s’appliquer. Dès la création de la société, il est donc conseillé de bien choisir sa forme sociale. Si la SASU ou la SAS a le vent en poupe, ce type de société n’est pas toujours adapté et ne représente pas une forme sociale « miracle ». Fort heureusement, les associés ou actionnaires ont la possibilité à tout moment de changer la forme de la société et d’en retenir une plus appropriée.

La procédure est assez lourde : un Commissaire à la transformation doit parfois établir un rapport qui attestera que les capitaux propres sont au moins égaux au capital social. Ce rapport sera déposé au Greffe du Tribunal de commerce. Une assemblée générale extraordinaire est convoquée et tenue afin de prononcer la transformation, adopter les nouveaux statuts et confirmer les dirigeants. Ensuite, le procès-verbal sera enregistré aux impôts et une annonce légale paraitra. La formalité sera enfin accomplie auprès du Greffe du Tribunal de commerce.

Pourquoi transformer une société en une autre forme sociale ?

Véritable effet de mode, tout le monde a voulu transformer sa SARL en SAS… Mais c’est aller un peu vite en besogne, les justes motifs n’étant pas toujours là où les attend (à noter, le RSI ayant disparu et l’URSSAF reprenant sa mission, il n’est plus utile de transformer pour chercher à se débarrasser du RSI).

  • Parce que vous voulez payer davantage de cotisations sociales… Non? Une croyance commune est que la SAS coûtera moins cher en terme de cotisations sur la rémunération du dirigeant. C’est faux : les charges sociales d’un président de SAS assimilé salarié sont plus élevées (80% environ) qu’un gérant majoritaire de SARL (47% environ). Seuls les dividendes sont plus avantageux en SAS. Oublions cette idée et concentrons-nous sur les raisons légitimes et non limitatives qui poussent à transformer une EURL ou SARL en SASU ou SAS, ou inversement!
Pourquoi transformer une EURL ou SARL en SASU ou SAS ?
  • Parce que la SASU ou la SAS sont des sociétés à la carte disposant d’une image moderne et qu’il est possible d’aménager à volonté (ex : créer des organes de contrôle, des actions de catégorie différente, etc.). Les statuts ou les pactes d’actionnaires peuvent prévoir jusqu’au moindre détail de son organisation et de son fonctionnement. Outre l’aspect ludique de la chose, les actionnaires fixent des règles sur mesure, en accord avec leurs motivations personnelles
  • Parce que l’évolution de la structure l’impose : des investisseurs vont devoir rentrer au capital et il leur semble évident que la SAS est la seule forme sociale qui puisse tenir compte des spécificités liées à leur présence (par exemple, l’émission d’obligations) et les rassurer. La SAS est le meilleur outil lorsqu’il s’agit d’intégrer des investisseurs puisqu’elle est capable de définir chaque paramètre d’entrée, d’existence et de sortie
  • Parce que le capital de la société regroupe de nombreux associés, à tel point que la SARL va bientôt atteindre la limite autorisée du nombre d’associés, à savoir 100! En transformant en SAS, cette limite n’existe plus et le nombre d’actionnaires peut se développer quasiment à l’infini
  • Parce que contrairement à une EURL ou une SARL avec gérance majoritaire, les dividendes de SASU ou SAS ne sont pas soumis aux cotisations sociales. Seuls des prélèvements sociaux de 17,2% sont exigés avant imposition sur le revenu avec abattement de 40% pour les personnes physiques (ou la flat tax de 30% au choix incluant les prélèvements sociaux et l’impôt sur le revenu). Le dirigeant prend alors une rémunération faible et le reste en dividendes
  • Parce que le dirigeant ne se rémunère pas du tout et prend la totalité de son revenu en dividendes (attention à valider les trimestres de retraite! un emprunt personnel sera en outre plus difficilement accordé par les banques en l’absence de « salaire »). En SASU ou SAS, un dirigeant non rémunéré obtient une fiche de paie à 0 et ne paie aucune cotisation minimum dessus (à l’inverse d’une EURL ou SARL majoritaire où un forfait de base mensuel d’une centaine d’euros est appliqué)
  • Parce qu’un dirigeant a toujours été salarié et qu’il craint que des conflits puissent naître entre les caisses de retraite ou que son nouveau statut soit moins avantageux. Dans le cadre de la reprise d’une société, il opte donc pour une transformation en SASU ou SAS pour maintenir son statut d’assimilé salarié
  • Parce qu’un associé ou actionnaire majoritaire – sans que cela soit une condition essentielle ou un motif suffisant – qui va céder ses titres facilite sa reprise en transformant sa structure en SASU ou SAS, puisque l’acquéreur ne paiera que 0,1% de droits d’enregistrement au lieu des 3% en SARL (hors abattement proratisé)
  • Parce qu’une SASU ou une SAS peuvent nommer une personne morale en qualité de présidente ou directrice générale, alors qu’une EURL ou SARL ne peut nommer de gérant ou cogérant personne morale. Cette donnée est particulièrement importante si un holding détient majoritairement les titres et qu’elle entend remonter une rémunération avant imposition du résultat à l’IS et distribution en conséquence
Pourquoi transformer une EURL, SARL, SASU ou SAS en une autre forme sociale?

La transformation EURL-SARL en SASU-SAS et vice versa reste le cas le plus courant. Mais d’autres opérations de transformation peuvent avoir un sens :

  • Parce qu’une SAS par exemple (ou une SARL) va étendre son objet à l’activité de débit de tabac. Cette hypothèse est prévue par la loi : seule une Société en Nom Collectif (SNC) est autorisée (sachant qu’une entreprise individuelle ou une entreprise individuelle à responsabilité limitée peut également convenir)
  • Parce que vous avez entendu qu’il fallait « transformer » votre micro entreprise ou votre entreprise individuelle en société. Précisément, c’est une bonne idée si le conseil accompagne la stratégie de l’opération. En réalité, on ne transforme ce type d’entreprise, on les ferme pour rouvrir en société, on les vend ou on les apporte. Ce n’est pas une transformation à proprement parler, mais une évolution
  • Parce que vous avez créé votre société seul ou avez mal été conseillé et comprenez que la forme que vous avez retenue n’est pas la bonne… Autant changer dès que possible et vous remettre d’aplomb! Par exemple, vous aviez choisi la SARL en tant que holding puisqu’en tant que société animatrice de groupe, une société commerciale était nécessaire. Avec le temps, vous ne remplissez plus les conditions d’animation (très strictes) exigées par l’Administration ou vous souhaitez que votre holding soit passif (c’est à dire qu’il n’anime plus le groupe et se contente de détenir une ou plusieurs participations)… Vous commencez alors à vous dire qu’une société civile (SC) présenterait bien des avantages et pensez à transformer votre ancienne SARL en SC
Pourquoi à l'inverse transformer une SASU ou une SAS en EURL ou SARL?
  • Parce qu’une SAS d’exploitation est contrôlée à 80% par un SASU holding? Dans ce cas, peu important les seuils de chaque structure, un Commissaire aux comptes doit être nommé en haut comme en bas! Si vous transformez vos deux sociétés en une SARL détenue par une EURL (voire une société civile selon le cas avec un second associé qui détiendrait une part minimum), vous éliminez dès la réalisation de l’opération les 2 Commissaires aux comptes (s’ils ne vous semblent pas nécessaires bien entendu…)
  • Parce que 2 des seuils déclenchant l’obligation de nommer un Commissaire aux comptes sont atteints en SAS ou en phase de l’être (2 000 000 € de CA, 1 000 000 € de total bilan net et 20 salariés) et que vous voulez éviter ça. Transformer en SARL élimine la notion de contrôle et élève le déclenchement des seuils (3 100 000 € de CA, 1 550 000 € de total bilan net et 50 salariés pour la SARL)
  • Parce que les cotisations sociales en tant que président assimilé salarié SAS sont plus importantes que celles d’un gérant majoritaire de SARL et que vous entendez vous verser une rémunération conséquente, notamment pour garantir des droits retraite plus élevés (au contraire, ne prélevez pas de dividendes – à moins que le capital soit très haut – puisqu’ils sont soumis aux cotisations sociales et vous paieriez plus qu’en SAS…)

Quelles sont les conséquences d’une transformation de société ?

Tout d’abord, d’un point de vue social : un ancien gérant majoritaire de SARL qui devient président de SAS sera assimilé salarié.

Ensuite, juridiquement, les parts seront transformées en actions ou vice-versa. Les comptes clos seront approuvés selon les règles de la nouvelle forme sociale. Des statuts différents seront signés par les associés ou actionnaires.

Puis, fiscalement, il arrive parfois qu’un changement de régime fiscal ait lieu (ex : de SASU à l’IS, on passe en EURL à l’IR à défaut d’option). Attention aux impacts comptables dans ce cas…

Une SARL qui se transforme en SAS va devoir ouvrir un registre de mouvements de titres et peut être avoir à nommer un ou plusieurs Commissaires aux comptes en fonction de son capital social.

Enfin, lorsque l’on passe en SNC, prudence, la responsabilité n’est plus limitée mais solidaire et indéfinie (un créancier peut par exemple exiger d’un associé même minoritaire la totalité d’une dette que la société n’aurait pas honoré, à charge pour ce dernier de se retourner contre les autres associés ensuite).

Comment transformer une société ?

Concernant les sociétés pluripersonnelles de type SARL, SAS, SCI ou autres (une EURL ou une SASU bénéficie de règles allégées dont l’absence de convocation et un procès-verbal de décisions plus direct), les étapes sont les suivantes :

  • Prendre connaissance du bilan et vérifier pour les sociétés commerciales que le montant des capitaux propres (au passif) est au moins égal à celui du capital social. Si ce n’est pas le cas, inutile d’aller plus loin, cette condition est imposée par la loi.

  • Vérifier dans les statuts le quorum (nombre d’associés ou d’actionnaires devant être présents ou représentés lors de l’assemblée générale) et la majorité (nombre de voix nécessaires pour valider l’opération) requis pour ce type de décision

  • Préparer un projet de statuts relatif à la nouvelle forme sociale qui reprendra les dispositions spécifiques des anciens mais qui peut tout à fait en aménager d’autres ; c’est le bon moment pour réfléchir à ce qui peut être modifié en même temps que la forme sociale et profiter de la formalité pour le faire

  • Nommer un Commissaire à la transformation si nécessaire (ex : de SARL en SAS ou de SA en SAS. Mais pas de SAS en SARL, sauf si un Commissaire aux comptes est déjà missionné au titre des comptes annuels). Celui-ci va alors rédiger un rapport qui devra être déposé au Greffe du Tribunal de commerce 8 jours au moins avant la date de l’assemblée générale extraordinaire

  • Sonder les associés ou actionnaires avant de leur faire parvenir une convocation officielle en vue d’une assemblée générale et s’assurer qu’ils acceptent cette modification (un rapport établi par le dirigeant précisera en outre les motifs liés à l’opération, ainsi que les conséquences qui en découlent)

  • Tenir une Assemblée Générale Extraordinaire (AGE) qui va acter par le biais de résolutions votées par les associés ou actionnaires le changement de forme juridique, préciser les contours de l’opération, adopter les nouveaux statuts articles par articles et le plus souvent donner pouvoir pour effectuer les formalités. A noter, une société à associé ou actionnaire unique (EURL, SASU) prendra un procès verbal de décisions (et non une AGE) et on parlera dans l’acte de « décisions » (et non de résolutions)

  • Faire enregistrer le procès-verbal auprès du Trésor public dans le mois de la signature (obligatoire, le montant du chèque étant de 125 €)

  • Publier dans un journal d’annonces légales un avis de transformation (dont l’en-tête de la société, la date du PV, la nouvelle forme, la date d’effet, etc.)

Transformer une société : quelles sont les formalités à accomplir ?

Le dossier à déposer au centre de formalités des entreprises compétent ou directement au Greffe du Tribunal de commerce concernant une transformation de société comprend les éléments suivants :

  • SI un rapport du Commissaire à la transformation a été rédigé (honoraires compris entre 600 et 1 000 € HT le plus souvent), celui-ci est à déposer 8 jours au moins avant la date de l’assemblée générale

  • Un exemplaire du procès-verbal enregistré décidant la transformation (droit fixe de 125 € TTC) signé en original ou une copie certifiée conforme par le dirigeant

  • Un exemplaire des nouveaux statuts certifiés conformes par le dirigeant

  • Une attestation de parution dans un journal d’annonces légales compétent (coût compris entre 150 et 250 € TTC en fonction du nombre de lignes et du département)

  • Un formulaire M2 dûment rempli et signé par le dirigeant ou son mandataire

    – Un pouvoir en orignal signé par le dirigeant s’il n’a pas signé le M2

  • Certificat de dépôt du rapport du Commissaire à la transformation établi par le Greffe, déposé si besoin 8 jours au moins avant la tenue de l’assemblée

  • SI un dirigeant est modifié : une déclaration de non condamnation, un justificatif d’identité en cours de validité pour une personne physique (ex : carte d’identité recto verso, passeport, etc.) ou un k-bis de moins de 3 mois s’il s’agit d’une personne morale

  • Le cas échéant, un imprimé TNS (gérance majoritaire de SARL par exemple) dûment rempli et signé par le nouveau dirigeant

  • SI un ou plusieurs Commissaires aux comptes sont nommés dans le PV, leur lettre d’acceptation de mission, ainsi qu’un justificatif d’inscription sur la liste des Commissaires aux comptes

  • Le chèque à l’ordre du Greffe du Tribunal de commerce d’un montant de 216,50 € TTC (100,50 € TTC si c’est une EURL ou SASU dont le dirigeant est l’associé/actionnaire unique) + un second chèque d’un montant de 15,44 € TTC relatif au dépôt du rapport du Commissaire à la transformation

  • Le cas échéant, le chèque à l’ordre de la Chambre de métiers et de l’artisanat SI votre société y est inscrite (entre 90 et 160 € TTC, le montant étant variable d’un CFE à l’autre)

Suite à la validation par le Greffe de la formalité, le k-bis de votre société est mis à jour, ainsi que le Registre du Commerce et des Sociétés (RCS).

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